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Vie Locale : « L’Entre 2 Guerres » 1919 – 1939

 

LAPEYROUSE sortait traumatisée après l’effroyable holocauste.

 

Cependant, il fallait reprendre goût à la vie : ne venait-on pas de vivre la « der des der ». Sans atteindre les chiffres élevés d’avant-guerre (30 en 1914) les naissances augmentèrent, 20 naissances en 1920 (joie des retrouvailles) puis un reflux (15 en 1921 et 10 en 1922) puis une remontée 17 en 1923, 21 en 1924 (le record de ces 20 années), 19 en 1925, 14 en 1926, 20 en 1927 puis 15 en 1928 avec une chute au moment des classes creuses (6 naissances seulement en 1934 et 9 en 1938). Mais sur l’ensemble des ces 20 années, le solde démographique resta largement déficitaire (-114). Quoique en forte diminution, la mortalité infantile frappait toujours et surtout la tuberculose ; cette terrible maladie aujourd’hui jugulée exerçait de terribles ravages et décimait des familles…

 

A part 1923 qui enregistra un solde positif de + 2, 1927 + 1 et 1932 + 1, les 17 autres années sont déficitaires ( – 16 en 1922) Voici le tableau comparatif

Années Naissances Décès Différence
1920 20 22 -2
1921 15 19 -4
1922 10 26 -16
1923 17 15 +2
1924 21 22 -1
1925 19 20 -1
1926 14 23 -9
1927 20 19 +1
1928 15 25 -10
1929 15 17 -2
1930 11 16 -5
1931 12 25 -13
1932 15 14 +1
1933 15 20 -5
1934 6 17 -11
1935 13 25 -12
1936 15 18 -3
1937 16 20 -4
1938 9 24 -15
1939 17 22 -5

Soit au total : 295 naissances et 409 décès différence : -114

Aussi le chiffre de population baissa constamment aux divers recensements de plus de 1 300 au début de 1921 on passa à 1 283 en mai 1926 et 1 218 en 1936.

 

La période la plus heureuse fut sans doute de 1924 à 1930 avant la crise économique mondiale de 1930 à 1935.

 

De l’Armistice à 1924, la réadaptation, la réorganisation furent assez pénibles : la main-d’oeuvre manquait (trop de manquants, trop d’amputés, la plupart presque inaptes au travail). L’échec de la grande grève de 1920 au P.O. se solda par plusieurs renvois.

 

La première pensée du Conseil Municipal fut pour perpétuer le souvenir. Dès le 27 juillet 1919, le Conseil en session extraordinaire décide l’érection d’un monument aux morts, demande l’autorisation de prendre 10 m2 dans la Cour des Garçons pour ce faire ; ce monument serait un exemple permanent pour les élèves (devis 4 255 F). Une souscription publique donna 3 076 F (Mr FOURNIER 70 F), le reste fourni par la commune.

 

Le 6 juin 1920, l’érection fut confiée à l’entreprise TOURNEAUX (3 146 F) avec un supplément de 164 F pour la palme, 1 155 F pour les chaînes, 20 F terrasse­ment, 225 F pour la fouille, 150 F pour la colonne. Le conseil décide la construction d’une bordure de granit (21x8x21) et d’une grille de 1 m de haut (coût 1 050 F : entreprise CHASSAGNE de COMMENTRY) session du 6 no­vembre 1921.

 

Le 19 octobre 1919, le Conseil attribue la somme de 200 F pour la fête des Poilus du 16 novembre 1919.

Élections du 30 novembre 1919 : 16 conseillers

Voix Conseillers
304 DUJON Maire à Manifex
283 THUIZAT Gilbert Cerisiers
283 PHILIPPON Alexis Le Mont
276 ROBIN Alphonse Montmirail
274 DURANTHON Gilbert Le Breux
273 MARTIN Alphonse Le Cluzeau
272 LANDRIEVE Louis La Corre
271 FAYOLLE Léon au Créchol
270 BUVAT Victor La Loge
269 TOURNEAUX Alexis au Bourg
249 GRAND Louis aux Aiguillons
244 BRUN Baptiste La Maison
241 ARDOIN Alexandre Le Vernet
235 TOIZAT Jean à Peuchaud
231 ROBERT Alexandre à La Faye
214 LEPEIX Isidore au Créchol

Le 7 décembre, Monsieur Alphonse MARTIN est élu Maire par 9 voix sur 16 votants (7 voix se portent sur Monsieur DUJON).

 

Monsieur Alexis TOURNEAUX est élu adjoint par 16 voix sur 16.

 

Le nouveau conseil fixe le prix du pain au même prix qu’à MONTAIGUT, limite à 50 I la part du contingent de tabac du débit de La Gare pour les fumeurs locaux, le reste devant aller aux voyageurs. Il est alloué 600 F à Monsieur CATEL pour le recensement.

 

Le 21 août 1921, il décide pour la fête patronale de payer 1 kg de viande à chacun des indigents de la commune, mesure renouvelée en 1923.

 

En 1923, il est octroyé 350 F pour la fête (dont 200 F pour le feu d’artifice).

 

A partir du ler janvier 1924, il est donné 5 F par mois de pain pour les indigents. Les secours aux femmes en couches sont limités à partir du ler janvier 1924 aux plus démunies de ressources.

 

La commune intervint souvent en faveur de ces cas, de même que l’aide aux familles nombreuses et prises en charge dans les hôpitaux.

 

Le 27 novembre 1921, le Conseil demande des précisions au sujet d’une ligne à haute tension devant traverser la commune.

 

A la demande de la commune de BUXIERES, le conseil donne un avis très favorable à la création d’une gare à LANNET (25 juin 1922).

 

Le conseil vote 500 F de primes pour la foire du 11 décembre.

 

Le groupe scolaire et la mairie sont assurés pour 120,OOOF

 

Le règlement du budget 1922 fait apparaître en recettes 38 205 F et en dépenses 34 069 F, excédent de l’exercice 4 136 F soit avec les autres excédents cumulés 26 654 F.

 

L’Administration ayant offert des travailleurs étrangers (notamment Polonais ou Italiens, pays amis à forte natalité) le conseil rejette cette offre les cheminots n’arrivant pas à se loger (10/6/23) ; d’ailleurs ces travailleurs ne pourraient pas avoir d’emploi pendant la morte saison. A cette même session, il décide l’achat d’un cinéma (utile pour l’enseignement de l’agriculture) et la réorganisation de la bibliothèque.

 

Le cinéma coûte 2 000 F + 2 000 F de hausse(25/11/23). Gestion 1923 : excédent de dépenses de 15 108 F, cette somme est prélevée sur l’excédent de fin 1922 (26 634 F) , l’excédent se trouve ramené à 11 525 F.

 

Le Conseil refuse la suppression du PN 240 (Les Partiers) car il passe sur la ligne de ST-ELOY 28 trains par jour.

 

1924 : Monsieur COTE Auguste est nommé secrétaire de Mairie.

 

Après 1924, un peu de prospérité s’établit à LAPEYROUSE ; dans un vent d’optimisme, on construisait ; le nombre de vélos, de voitures croissait… les moissonneuses‑lieuses apparurent, puis les presses…

 

Les chevaux devinrent plus nombreux ; le travail se faisait un peu plus facilement ; le commerce prospérait ; l’artisanat aussi (forges, charrons, menuiseries, bourrellerie, sabotiers, etc…).

 

Le 15 mars 1925, le Conseil à l’unanimité demande au P.O. la création d’une gare à Laval. En effet, le dernier tronçon de l’I.C. 148 devant se terminer en 1925, une route venant de HYDS arrive au lieu‑dit « Le Chiez » (il ne reste que 800 m à construire sur LAPEYROUSE) de même BEAUNE se propose de construire une route jusqu’à Laval ce qui fait que cette gare serait très utile pour les trois communes surtout pour l’agriculture (chaux, pommes de terre, grains, paille et foin).

 

au lieu de faire 6, 8 ou 10 kms, les marchandises seraient presque sur place, d’où un gain de temps. Une souscription a déjà produit 30.000 F (29.405 F) et la commune s’engage à faire un effort maximum.

 

A cette même séance très importante, il est décidé de pousser activement le projet d’électrification.

 

Elections du 10 mai 1925 : Messieurs MARTIN et TOURNEAUX sont reconduits dans leurs fonctions (15 voix chacun) Gestion : résultats définitifs de 1923 : excédent de recettes 11 525 F (dépenses 41 525 F)

 

résultats définitifs de 1924 : excédent de recettes 25 839 F (dépenses 37 800 F).

 

Pour le recensement de l’hiver 1925‑26, il est alloué 800 F à Monsieur COTE. 1926 : Monsieur Alphonse BOIROT né le 20 février 1895 est nommé garde‑champêtre de LAPEYROUSE en remplacement de Monsieur LESCHER.

 

Le 17 août 1926, le Conseil décide d’attribuer pour Noël 1kg de viande à chacun des 16 indigents de la commune.

 

Un arrêté qui nous fait sourire aujourd’hui : celui du 21-12-1926 « Dans les agglomérations, les véhicules à traction mécanique ne devront pas dépasser les vitesses suivantes : poids lourds (plus de 3 000 kg en charge) 10 km/ H, véhicules légers (inférieurs à 3 000 kg) 20 km/ H. »

 

Le compte de gestion de 1926 fait apparaître un total de recettes de 44 458 F et de 49 981 F de dépenses, soit un excédent de dépenses de 5 523 F ce qui ramène l’excédent général à 20 316 F, cet excédent général sera ramené à 11 927 F après 1927, 11 147 F après 1928 mais 20 067 F après 1929.

 

Avec l’inflation, le compte de 1929 présente 161 533 F en recettes et 152 052 en dépenses d’où une forte hausse des impôts en francs constants.

 

1927 vit l’avancement du projet d’électrification de la commune le 19 janvier, le Conseil (tous membres présents) propose la création d’un syndicat intercommunal groupant toutes les communes du canton et formule une adhésion de principe ; le 6 novembre de la même année, le conseil adhère pleinement au syndicat de la région de ST-ELOY-LES-MINES récemment créé, s’engage à une contribution financière de 314 000 F (l’État subventionnant à 50 %).

 

Le 31 décembre 1927, Monsieur Félix AUMAITRE remplace Monsieur COTE comme secrétaire de Mairie.

 

I1 est réclamé au P.O. l’installation d’une grue pour la charge et la décharge des marchandises.

 

L’électrification fut la grande réalisation de cette période.

 

Membre créateur du syndicat de la région de ST-ELOY, à durée illimitée, la commune de LAPEYROUSE doit faire un emprunt au Crédit Agricole à 5,5%.

 

Dans les séances du 10 juin 1928 et 4 novembre 1928, le projet est déclaré d’utilité publique (à l’unanimité) puis la concession donnée à la compagnie Loire et Centre aussi bien pour l’éclairage privé et public que pour la force motrice.

 

Le 18 novembre 1928, il est décidé la vente des biens communaux au cas où l’emprunt ne serait pas couvert.

 

Monsieur Félix AUMAITRE s’engage à fournir un cours post-scolaire agricole

 

moyennant une indemnité annuelle de 200 F.

 

Aux élections de mai 1929, sont élus :

 

PHILIPPON Alexis               GRAND Louis

 

CIVADE Auguste                  ROBIN Alphonse

 

MARTIN Alphonse               LANDRIEVE Louis

 

LESCHER Marcel                BUVAT Victor

 

DURANTHON Gilbert         TOURNEAUX Alexis

 

GAZUT Adolphe                   ARDOIN Alexandre

 

DUJON François                BRUN Baptiste

 

FAYOL Alphonse                LEPEIX Isidore

 

soit 16 conseillers. Monsieur MARTIN est réélu Maire avec 15 voix.

 

Monsieur TOURNEAUX réélu adjoint (10 voix) 4 voix à Monsieur BUVAT Victor et 1 à LESCHER Marcel.

 

Le 3 février 1929, le conseil refuse la proposition de Monsieur le Maire de MONTLUCON de participer à l’achat d’une auto-pompe, MONTLUCON se trouvant à plus de 25 kms de LAPEYROUSE. Séance du 16 juin 1929 : l’emprunt pour l’électricité fait auprès du Crédit Foncier à des conditions très onéreuses (5,5 %) n’étant couvert actuellement qu’à 200 000 F (et il faut 380 000 F) le conseil municipal décide la vente des communaux de La Loge et des Partiers (l’emprunt devant être clos le 30 juin).

 

Monsieur LAFANECHERE Louis Alexandre est nommé garde-champêtre.

 

Un cantonnier communal est nommé pour 6 mois (2 novembre au 30 avril) moyennant une somme de 2 400 F pour les 6 mois : Monsieur PEYNET Protais.

 

La vente des biens communaux eut lieu le 8 septembre 1929.

 

Elle procura un excédent de ressources pour le projet d’électrification et le produit disponible fut affecté à l’achat de rente française 4 I 1918.

 

La vente du communal du Bregeat eut un heureux effet sur la vie locale. I1 s’y construisit 4 maisons (dont les habitants pour 3 maisons venaient de l’extérieur) et nous eûmes (enfin !) un garage.

 

Cette troisième décennie du XXème siècle (la première de l’Après-Guerre) s’achevait sur une prospérité retrouvée et même développée pour les secteurs économique, agricole et commercial.

 

L’École était fort vivante ; le chiffre des élèves oscillait entre 130 et 140. Sans atteindre les chiffres de 1910 (où l’on dénombrait 172 élèves au ler avril et 103 garçons et 98 filles en saison d’hiver), l’École avait retrouvé une certaine activité.

 

Le secteur agricole était assez prospère (le doryphore n’étant pas encore apparu).

 

Les foires étaient importantes.

 

Les machines agricoles se faisaient nombreuses mais étaient toujours à traction animale.

 

Beaucoup de jeunes appelés avaient fait (jusqu’en 1928) l’occupation en Allemagne. Quelques uns durent faire la guerre du Rif au Maroc, mais en général la PAIX régnait sur le Monde et LAPEYROUSE en savourait les fruits.

 

Beaucoup de production, beaucoup de commerces aussi, surtout agricoles (chaux, charbon, engrais, céréales) ou alimentaires (2 bouchers, 3 marchands de vin, 4 épiceries, 2 débits de tabac, des restaurateurs, etc…)

 

Les fêtes du Bourg ou de la Gare avaient beaucoup d’affluence.

 

Les autos, les camions se multipliaient.

 

En 1929, la décennie s’acheva avec la prospérité retrouvée et avec un avenir prometteur (la Fée Électricité était à nos portes…).

La vie locale: 1929-1939

Dans cette décennie, il y eut seulement 129 naissances (de 1919 à 1929, il y en avait eu 166). Il y eut 201 décès contre 193 de 1919 à 1929.

 

L’excédent des décès sur les naissances est donc de 72 de 1929 à 1939 contre

 

27 de 1919 à 1929.

 

On construisit beaucoup pendant cette période : à la Loge, au Bregheat, au Bourg, à la Maison Rouge.

 

La prospérité retrouvée continuait ; la crise mondiale de 1929‑1930 n’atteignit LAPEYROUSE qu’en 1934-1935. On profitait des bienfaits du progrès : de l’électricité surtout (installée de 1930 à 1932), du gaz en bouteilles, le charbon de ST-ELOY s’utilisait de plus en plus ; les machines agricoles se faisaient plus perfectionnées, plus nombreuses (les presses notamment).

 

La gare travaillait à plein régime (charbon, chaux, engrais, produits agricoles, vin, marchandises de toutes natures) avec un fort trafic de voyageurs. I1 y avait du travail pour tout le monde : le transbordement des wagons de marchandises sur les wagons de ligne plus étroite du chemin de fer économique occupait une forte équipe d’ouvriers. La construction en 1932-1933 d’un nouveau branchement de voie ferrée (1100 m) pour le kaolin procura du travail à des dizaines d’ouvriers pendant plus d’un an (il n’y avait pas encore de bulldozers).

 

Quelques Lapeyrousiens profitèrent du chemin de fer pour aller à l’Exposition Coloniale de 1930 où l’on trouvait l’exotisme sous toutes ses formes : depuis les crocodiles jusqu’aux reconstitutions des temples d’ANGKOR.

Le 1er goudron à Lapeyrouse

Le goudronnage de la route principale jusqu’à Villonne dura longtemps : des mois et des mois, voire des années. Le goudron était livré en fûts de 200 litres, mis à réchauffer dans des chaudières (de grands chaudrons) au bord de la route, répandu avec des seaux, écarté avec des balais-brosses. Des ouvriers vivaient avec leur famille dans de petites maisons en bois traînées par les rouleaux compresseurs. Ils s’appelaient Mr NAVARRE, le « Tahar » etc…

 

Réalisé par ce procédé archaïque, bien que les couches de fermeture furent faites avec des goudronneuses en camions citernes, le goudron ne résista pas très longtemps (avec le défaut d’entretien inhérent à la guerre, la route était en très mauvais état en 1945).

 

Beaucoup d’activités dans la gare où les locomotives à vapeur ravitaillaient en eau, en charbon aussi, où elles pouvaient tourner grâce au pont‑tournant, se garer dans le dépôt, où manoeuvres et aiguillages exigeaient pas mal de main-d’oeuvre.

 

Les hôtels-restaurants travaillaient beaucoup. Dans la grande salle d’attente, on trouvait au kiosque, journaux, revues, tabacs, à l’heure des trains de voyageurs. Lorsqu’ en 1937, le P.0-MIDI fut nationalisé en S.N.C.F., l’emploi atteint son maximum (avec plus de 50 employés ; les 11 maisonnettes situées sur la commune étaient toutes occupées). L’apport de cette population de cheminots compensait le déficit de la démographie. Certains venus d’ailleurs se fixèrent au pays. Certes, la grande fête annuelle de la Gare allait en déclinant ; en 1935, il fallut tout le dynamisme du maçon italien Lino pour qu’elle retrouve son éclat d’antan.

 

La gare connut donc une activité et une prospérité soutenues durant cette quatrième décennie du XXè siècle.

L’agriculture

Il n’en fut pas de même pour l’Agriculture : l’apparition du Doryphore (vers 1931), ce coléoptère venu d’Amérique dans nos ports allait ruiner la production de nos « Mijeux de Treuffes » tant jalousés par leurs voisins. Le mal allait rapidement prendre de l’ampleur et les plantations diminuèrent en surfaces (pourtant ce fut à LAPEYROUSE que les élèves de l’École Communale apportèrent en premier lieu ces insectes nouvelle parue au « Moniteur du Puy-De-Dôme ».)

 

Puis vint la chute des cours du blé. L’ordre du jour du gouvernement Laval était la lutte contre la cherté de la vie, la baisse des produits alimentaires. Après la reconnaissance de l’U.R.S.S., l’envoi d’un ambassadeur à MOSCOU, la signature d’un traité de commerce avec importation de blé russe, cet apport de blé coïncidant avec un excédent de récolte en France, ce fut l’effondrement des cours amplifié par l’agiotage et la spéculation. Le blé qui s’était vendu au début 80 F le quintal chuta rapidement à 56 F voire 55 F. En 1934 et 1935, ce fut la ruine pour de nombreux exploitants de l’époque contraints à vendre tout ou partie de leurs biens. Les plus touchés étaient les vieux qui étaient inaptes au travail et sans retraite et les familles nombreuses sans allocations familiales. Au mois d’octobre, les cours remontèrent à 105 F mais les producteurs avaient vendu leur blé et la catastrophe était consommée. En 1936, fut créé l’Office du Blé et en 1937, le blé fut payé 200 F le quintal ce qui amena une amélioration du sort de nos paysans, amélioration cependant atténuée du fait d’une moindre récolte et la création en 1937 de la taxe d’armement qui frappa tous les produits alimentaires, manufacturés, industriels. Pour compléter la liste des calamités du monde rural, il y eut la sécheresse en 1936 et surtout en 1938 et l’apparition de la fièvre aphteuse « la Cocotte » durant tout un été.

 

Les hôtels‑restaurants travaillaient beaucoup. Dans la grande salle d’attente, on trouvait au kiosque, journaux, revues, tabacs, à l’heure des trains de voyageurs. Lorsqu’ en 1937, le P.0‑MIDI fut nationalisé en S.N.C.F., l’emploi atteint son maximum (avec plus de 50 employés ; les 11 maisonnettes situées sur la commune étaient toutes occupées). L’apport de cette population de cheminots compensait le déficit de la démographie. Certains venus d’ailleurs se fixèrent au pays. Certes, la grande fête annuelle de la Gare allait en déclinant ; en 1935, il fallut tout le dynamisme du maçon italien Lino pour qu’elle retrouve son éclat d’antan.

 

La gare connut donc une activité et une prospérité soutenues durant cette quatrième décennie du XXè siècle.

L’activité commerciale

L’activité commerciale fut assez soutenue pendant cette décennie (malgré le manque d’argent). En 1928, une boucherie avait ouvert à La Loge, s’ajoutant à celle du Bourg, puis une charcuterie en 1935-36. Les épiceries étaient nombreuses ; les commerces alimentaires ou agricoles étaient actifs. Un médecin : le docteur Pierre GIBERT s’installa à Bruges. L’artisanat aussi progressait : une scierie fixe à La Loge remplaça les bancs de scie mobiles et saisonniers qui s’installaient sur des terrains communaux (au Bregheat et aux Monteix notamment). I1 y eut deux salons de coiffure au Bourg, plusieurs menuiseries, plusieurs couturières, plusieurs entreprises de maçonnerie, des sabotiers, des réparateurs de chaussures. Il y avait plusieurs forges et les maréchaux ferrants travaillaient énormément (vu le grand nombre de chevaux de trait, de boeufs ou vaches de travail, il n’y avait pas encore de tracteurs). La charronnerie était active, la charpenterie aussi.

 

La période de 1929 à 1933 s’écoula sans trop d’aléas. Mais à partir de 1934, surtout 1935, l’ambiance glissa vers la morosité, puis vers l’incertitude. A la crise économique s’ajoutaient des évènements de plus en plus graves. Succédant à l’affaire STAVISKY, la tentative de coup d’état du 6 février 1934 échauffa les esprits. Cela s’amplifia en 1935 avec l’occupation de la rive gauche du Rhin, la guerre italo-éthiopienne, la rupture d’après Stresa. Dès lors, les évènements tant nationaux qu’internationaux allaient prendre le pas sur toutes les préoccupations quotidiennes. Déjà en 1935, le Curé BACCONET évoquait dans ses sermons notre « dangereux voisin de l’Est ».

 

L’année 1936 fut très agitée. En Espagne, en février, le frente popular avait triomphé ; en France ce fut de même ; dans le Puy-De-Dôme, il y eut 8 députés élus toue socialistes sauf 1 radical-socialiste Chassaing et l radical de droite (LACHAL) A AMBERT. A RIOM, il y avait 5 candidats : A VARENNE, DIOT (P.C.) Alfred RATELADE (paysan) GALLAND droite et un fantaisiste : CHARDONNET. A LAPEYROUSE, les résultats se firent dans l’ordre ci‑dessous. Alfred RATELADE élu avec 84 voix d’avance fut invalidé par la Chambre des Députés.

 

Une deuxième élection eut lieu : A VARENNE ne s’étant pas représenté, ce fut le S.F.I.O. COULAUDON qui fut élu. Ce climat passionné, exacerbé par la guerre d’Espagne (18 juillet 1936) les grandes grèves avec occupation d’usines dura plus de 6 mois. Le dimanche soir, on voyait passer des « gars de la ville » en voiture, brandissant drapeaux rouges et chantant l’Internationale. Le 28 février 1937 eut lieu à La Loge la fête du Front Populaire. Prosper MOCQUET, député de PARIS, remplaçant Jacques DUCLOS vint faire un discours ; il avait amené son fils Guy (12 ans). Ce dernier devait être 4 ans plus tard le plus jeune des 27 otages martyrs fusillés à CHATEAUBRIANT. L’été 1937 fut moins agité ; il y avait à PARIS l’Exposition Universelle qui fut un succès et que visitèrent beaucoup de Lapeyrousiens. Cependant on croisait dans les trains les réfugiés espagnols et l’affaire du C.S.A.R. dont les deux pôles étaient CLERMONT et PARIS échauffait les esprits. 1938 : dès le 15 mars, l’ANSCHLUSS ne manquait pas d’inquiéter de même que la prolongation du service militaire ; le 28 septembre 1938, MUNICH fut interprété comme une capitulation de la France et de l’Angleterre. L’Agriculture subit les effets néfastes d’une forte sécheresse. Le démembrement de la Tchécoslovaquie le 15 mars 1939 occasionna le rappel de certains réservistes et le maintien des libérables.(on était dans la période des classes creuses coïncidant avec la mobilisation des pères en 1914-1918). Et si la récolte de blé fut bonne, ce fut en pleine période de battages que durent partir nos soldats (le 23 août pacte germano-soviétique ; le ler septembre, invasion de la Pologne ; le 2, mobilisation générale et le dimanche 3 vers midi, état de guerre de l’Angleterre et de la France avec l’Allemagne. Les facteurs à l’époque travaillaient le dimanche matin. On s’arrachait les dernières nouvelles. Le Moniteur commençait son éditorial par ces mots laconiques : « La Guerre est là… » Tous les plus jeunes partaient les premiers jours, souvent le ler et le 2ème jour. Pas de cris comme en 1914 ; seul un silence pesant (le glas ne tinta que 1/4 d’heure). La catastrophe de 1914-1918 était trop présente dans tous les esprits pour qu’on se livrât à de quelconques manifestations ou débordements. En même temps qu’on « livrait » les hommes valides de la commune, on la vidait aussi de ses animaux de travail. Dès le premier jour, les chevaux furent conduits à MONTAIGUT devant la Commission de Réquisition, ils furent payés de 6 000 à 8 500 F. Par suite d’un hiver long et froid, du manque d’organisation, de la pagaille, plus de 50 % de ces braves animaux étaient morts au printemps.

 

Les hommes rejoignirent en maugréant. Les wagons de marchandises paraissaient vides (un train de 1000 à 1500 hommes faisait si peu de bruit qu’on aurait cru qu’il n’y avait personne). Après quelques opérations limitées en Sarre où les Allemands avaient tout miné et après la chute de la Pologne, ce fut la « drôle de guerre », le quasi-arrêt des opérations. Nos soldats purent venir en permissions de détente avant la fin de Vannée. Ainsi 1939 s’achevait donc en tragédie : les hommes absents de leurs foyers

 

tous les bons chevaux réquisitionnés, un hiver dur à nos portes, un avenir plus que lourd de menaces…

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